Olivier HAMANT est biologiste des systèmes, directeur de recherche à l’INRAE, au sein de l’école normale supérieure de Lyon. Il a publié une centaine d'articles scientifiques sur la biophysique et le développement des plantes, montrant notamment comment les plantes utilisent les forces pour percevoir leur propre forme. Ce sujet de recherche pose aussi la question de la robustesse du vivant sous un angle nouveau.
Nourri par cette recherche fondamentale, et dans sa fonction de directeur de l’institut Michel Serres, il contribue à plusieurs projets dans les domaines de l'art, de la science et de l'éducation
autour des enjeux existentiels de l'Anthropocène. La question de la robustesse du vivant vient notamment alimenter une réflexion sur les leçons à prendre du vivant pour habiter
la Terre (La troisième du vivant - Ed. Odile Jacob; Antidote au culte de la performance - Ed. Gallimard).
Crédit photo Christian Slagmulder
Un thème de conférence possible et non exhaustif par exemple : Anthropocène, approche systémique et robustesse
Les marques de l'humanité sont omniprésentes sur Terre : l'âge des humains est surtout l'âge de la performance et du contrôle. En miroir, les multiples impacts sur notre milieu questionnent les
valeurs de ce « progrès » et sa trajectoire. Alors que faire ? Ni le développement durable, ni l'injonction de sobriété ne semblent nous faire bifurquer.
En étudiant les systèmes vivants, nous pourrions apprendre une autre façon d'habiter la Terre. Alors que les sociétés humaines modernes ont mis l'accent sur l’efficacité et
l’efficience au service du confort individuel, la vie se construit plutôt sur la fragilité, les fluctuations, l’incohérence… c'est-à-dire des contre-performances, au service de la robustesse du
groupe. Cette "3ème voie du vivant" a déjà ses pionniers dans le monde social : habitat participatif, agroécologie, ateliers de réparation, sciences
citoyennes... Elle pourrait bien dessiner un autre chemin pour construire l'âge de la robustesse et de la coopération, contre le dogme de la performance.
Son LIVRE de 2022 :
"Le culte de la performance conduit notre société à mettre en avant les valeurs de la réussite et de l’optimisation permanente dans tous les domaines. La lenteur, la redondance, l’aléatoire sont
alors perçus négativement. Olivier HAMANT, dans ce livre, tente de les réhabiliter en s’appuyant sur sa connaissance des processus du
vivant.
Que nous apprennent les sciences de la vie ? S’il existe bien des mécanismes biologiques remarquablement efficaces, des progrès récents mettent surtout en avant le rôle fondamental des erreurs,
des lenteurs, des incohérences dans la construction et la robustesse du monde naturel. Le vivant serait-il alors sous-optimal ? En quoi une sous-optimalité d’inspiration
biologique peut-elle constituer un contre-modèle au credo de la performance et du contrôle dans l’Anthropocène ?
Face aux constats pessimistes et aux alarmes environnementales, l’auteur propose des pistes d’action pour éviter la catastrophe et esquisse des solutions pour un avenir viable et réconcilié avec
la nature."
Son LIVRE de 2023 :
« La nature menacée devient menaçante : notre excès de contrôle nous a fait perdre le contrôle. Il va maintenant falloir vivre dans un monde fluctuant, c’est-à-dire inventer la
civilisation de la robustesse, contre la performance. » Olivier HAMANT
Face aux bouleversements du monde en cours et à venir, le développement durable, entre géo-ingénierie contreproductive et tout-électrique mal pensé, crée de nombreux futurs
obsolètes. Émergent alors les contre-modèles de la décroissance et de la sobriété heureuse, nettement mieux alignés avec le monde qui vient. Mais la frugalité peut-elle
réellement mobiliser ? Ne risque-t-elle pas non plus de se réduire à d’autres formes d’optimisation ? Et si, pour être sobre et durable, il fallait d’abord questionner une valeur
nettement plus profonde : l’efficacité. Le monde très fluctuant qui vient appelle un changement de civilisation. Ce chemin demande surtout de valoriser nos
points faibles et inverse toutes les recettes.
***************************************************************************
Olivier HAMANT is a systems biologist, director of research at INRAE (the French institute for research on agriculture, food
and environment), at Ecole Normale Supérieure in Lyon. He is also heading the Michel Serres institute. He has published ca. 100 scientific articles on biophysics and
plant development. This research topic also shed a new light on the question of robustness and resilience of living organisms. In the frame the
Michel Serres Institute, he contributes to several projects in the fields of art, science and education around the existential issues of the Anthropocene. He published “La 3ème
voie du vivant” (“Suboptimality - The inefficient truth", English translation in press) Ed. Odile Jacob, and "Antidote au culte de la performance" (Ed. Gallimard).
The marks of humanity are everywhere on Earth : the Anthropocene is above all the age of performance and control. In turn, the multiple impacts on our environment question the
values of this "progress" and its trajectory. Thus, what to do ? Many sustainable development solutions seem counterproductive. The perspective of a general slowdown does
not mobilize either. By studying living systems, we could learn a different way to be Earthlings.
While modern human societies have focused on efficiency and efficacy for individual comfort, life is instead built on heterogeneity, slowness, fluctuations, incoherence... for the robustness of the group in a fluctuating environment. This "third way of life" already has its pioneers in society participative housing, agro-ecology, repair workshops, citizen science,... It may open another path to build the age of robustness and cooperation, against the dogma of performance.